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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 13:24

Les échos qui nous viennent de nos prisons sont déshumanisants et indignes d’un pays qui se voudrait chantre dans la défense et le respect des droits de l’homme. J’ai vu suivi avec intérêt la conférence de l’activiste Guy Marius Sagna nous restituant les péripéties de son dernier séjour carcéral. Son témoignage a été poignant de bout en bout sans gans. Une vie d’enfer dans toute sa nudité Les effectifs dans les prisons sénégalaises dépassent de très loin les capacités initiales pour diverses raisons allant de la vétusté de l’existant, un manque criard de magistrats, l’absence de nouvelles infrastructures adéquates mais surtout à une interprétation lapidaire et abusive des mandats de dépôt et aussi la criminalisation de certains délits. Nos prisons craquent de monde, le bourrage humain s’y poursuit. La prison, centre de détention de personnes condamnées, reste certes un espace de restriction, de privation de libertés mais pas une zone de non droit. La perception que notre société a de ces lieux reste symptomatique, elle l’assimile à un monde de bannis et on évite d’en parler en famille. On ne se voit jamais  sous la peau d’un bagnard sinon que  l’enfer c’est les autres .Une telle perception mine encore notre société et restera encore longtemps un sujet tabou. Comment pourrions-nous, nous libérer du fardeau de la prison sans faire fi des regards accusateurs et répugnants sur les maisons carcerales.il sera difficile avec ces œillets subjectifs d’enclencher un processus de désengorgement qui ne fasse pas peur.

Le respect de la dignité humaine est importante nous devons œuvrer à le rendre effectif. Retourner à la mission originelle de la prison à savoir un espace de reformation et de restauration de l’humanité des détenus. Nous ancrer toujours de garder à l’esprit que le peuple carcéral ne nous tombe pas du ciel, toutes et tous nous sommes des filles et fils de ce pays ou encore de personnes y séjournant …le destin et les trajectoires n’étant pas préalablement définis, personne ne sait de quoi demain sera fait. L’avenir est un chemin tortueux parsemé  d’embuches. Dans les prisons, y séjournent aussi des gens qui n’ont pas fauté, victimes d’erreurs judiciaires ou de fausses accusations.il va s’en dire que la noblesse de la cause humaine que nous défendons exige qu’on se l’approprie avec cœur. Offrir une nouvelle ou une seconde chance quoi de plus logique, si ce n’est un devoir pour la société. La lancinante question  des longues détentions provisoires ou préventives qui piétinent la présomption d’innocence en est une illustration parfaite

En matière de délits plusieurs types de peines alternatives peuvent être prononcés à la place d’une peine d’emprisonnement ? Pourquoi ne pas éplucher ces autres voies pour corriger et solutionner ces imperfections nées des engorgements massifs .Ces peines alternatives reste le chemin idoine qui peut apporter des réponses conjoncturelles pour dépeupler ces prisons, hors mis les lois d’amnistie de grâce et autres même si d’ailleurs se doter des moyens pour ne pas les remplir est encore mieux.

Le bracelet électronique, le placement sous contrôle judiciaire qui ne doit pas être une affaire de privilégiés ou de grosses pointures, le mandat de dépôt comme l’exception et non la règle ,les travaux d’intérêt général, l’érection d’un juge des libertés constituent toute une panoplie  d’actes qui peut aider à dégarnir les prisons

Nous sommes à la croisée des chemins de la gouvernance carcérale et nous rêvons de prisons quasi vides ou considérablement dépeuplées Il nous faut une politique de réinsertion sociale adéquate et intelligente car criminaliser, encore criminaliser n’est pas du tout le bon chemin. En effet en matière criminelle il ne peut y avoir de peine alternative. Tout le problème est à ce niveau. A force de criminaliser on fait perdre au juge toute marge de manœuvre. Lui opposer la situation intenable des prisons, c’est attendre l’impossible de lui. Cependant nous devons en matière délictuelle tenir d’avantage compte de la nature de l’infraction pour que le chemin de bagne ne soit pas la voie obligée. La prison doit être l’exception et non la règle, elle ne doit pas servir à exclure mais faciliter la réintégration sociale.

Les spécialistes et autres techniciens du droit pourront peut-être clamer et ouvrir d’autres voies d’une refonte de notre justice .Cela aiderait peut être à restaurer la confiance en cette justice et envers ceux qui la rendent  au nom du peuple. Le profane que je suis se contente de faire parler son cœur, de partager les émotions qui l’étreignent et ses espoirs de voir ses rêves devenir réalités au grand bénéfice de notre société

                                                                                                                                                                                                                                                    Souleymane Diouf

                                                                                                OPINIONS CITOYENNES

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