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17 mars 2021 3 17 /03 /mars /2021 18:04

Mon pays le Sénégal a connu ces temps derniers une situation presque chaotique qui a ébranlé sa quiétude institutionnelle. Ce pays connu pour sa tranquillité et son hospitalité a offert au monde une autre facette hideuse marquée par une violence inouïe, de saccages, d’agressions verbales ou physiques avec de lourds lots de blesses et de morts.

Un petit regard sur le rétroviseur nous fera découvrir que çà et là des signes avant-coureurs ont imbibé la marche de l’histoire politique récente de ce pays. C’est dire que tous les ingrédients qui devraient concourir à rapprocher les lignes entre les protagonistes des différentes chapelles ou foyers politiques en place, sont restés muets ou grippés. Les acteurs de se regarder  en chiens de faïence avec des postures rigides marquées par un jeu de surenchères …

A l’heure ou la pandémie du Covid19 sévit outrancièrement dans le pays il est évident que l’ordre des priorités devrait être ailleurs et ne pouvait s’éloigner en principe et en toute logique de ce champ ‘’covidien’’.Seulement le contexte politico-social n’a pas aidé à étouffer toutes les frustrations et déceptions contenues depuis 9 ans de gestion apériste, qui n’avaient certainement pas un lien direct avec les questions légitimes  de la défense de la démocratie et le refus d’un troisième mandat,  supposé ou réel ,brandi à tort ou à raison. Les incertitudes et errances antidémocratiques, l’accaparement de tous les espaces décisionnels par l’exécutif ont fini de créer une atmosphère délétère

.L’impression d’une justice aux ordres et d’un parlement à la remorque de l‘exécutif ont fini d’exaspérer et de nourrir d’avantage le chapelet du mécontentement populaire. Le ceinturage ou musellement de toutes les voies et autres voix discordantes ont fédéré tous les mécontents. Ecœurés par un glissement continu du pays vers un monolithisme ou une dictature rampante. Comme une ritournelle il revient trop dans les esprits que notre justice est à géométrie variable et surfe à deux vitesses avec le koumeu am ndeye et koumeu amoul ndeye  et les faits sont illustrés par des exemples patents. La reddition des comptes en a subi les conséquences tout comme la gestion sobre et vertueuse prônée et promise .Cette politisation à outrance, d’affaires singulières, n’a pas aidé à rendre les gestions transparentes. Au contraire de plus en plus de gens pensent que la lutte pour la transparence, contre la corruption et la concussion est une question de temps ,de parti, de clan ou de groupe, de pouvoir ou d’opposition.

La situation sociale est également marquée par une jeunesse qui ne sait plus où donner de la tête avec un chômage endémique. Elle n’hésite pas à se lancer dans des aventures extrêmes et périlleuses.  Un président pris trop souvent au mot sur ses paroles d’hier par le VAR mais surtout que la gouvernance pour la patrie avant le parti est restée un simple slogan comme tant d’autres accélérer la cadence ou fast track.

L’affaire Sonko/Adji Sarr est venue compliquer la donne avec tous les faisceaux et manipulations autour des thèses en lice  qualifiant les faits de strictement privés ou l’émanation d’un complot ourdi contre le leader des patriotes. Comme au cours du printemps arabe où tout est parti du suicide d’un petit commerçant des milieux défavorisés pour finir par embraser beaucoup de pays du Magreb. Cela dit comparaison n’est pas raison chez nous c’est une fille de 20 ans qui accuse de viol le leader d’un parti et député à l’assemblée nationale après une séance de massage dans un salon de la place… de fil en aiguille ce qui devait être une banale affaire privée a pris des relents politiques avec des ramifications violentes. Nous avons tous vu venir les choses ! Cette situation difficile, chargée et lourde pour le pays, n’a pas cependant ouvert les yeux sur les risques que courrait le Sénégal .D’aucuns ont joué dans le registre de la banalisation ou par des menaces, là où d’autres lançaient un appel à la résistance. Plus on jouait à se faire peurs moins on mesurait l’imminence du danger…Finalement le pays s’est embrasé. La jeunesse est sortie et a mené le combat de bout en bout avec des doléances hétéroclites  exigeant la libération de Sonko, plus de justice, respect de la constitution, du respect pour le Sénégal ,mais aussi  l’arrêt de la confiscation des libertés avec toutes ces lois d’interdictions et ce couvre-feu dont elle doute de la pertinence avec des conséquences économiques sur leurs quotidiens etc. 

De la violence il y en a eu et à une échelle importante, des infiltrations, des milices privés, des saccages, des agressions, des vols, des intérêts français attaqués, hélas des morts et des arrestations .

Le pays a frôlé le pire au cours de cette triste période vécue par un peuple pas pressé du tout mais qui sait se faire entendre au moment opportun. Cela dit il urge de saluer les actes patriotiques de tous les régulateurs sociaux de tout bord qui sans tambours ni trompettes ont aidé à l’apaisement par un retour au calme un arrêt des hostilités. Le discours salutaire du président de la république qui dit entendre et comprendre le message juvénile de la rue reste dans la cadence. L’essentiel y est, mais il faut le traduire par des actes et avec équité. Tout comme d’ailleurs le discours du leader de Pastef est à saluer dans son approche refus du jusqu’auboutisme aventureux

Ceci dit il nous faut travailler à rendre les lignes souples pour aider à renouer le fil du dialogue. La société civile doit œuvrer et aider à cela comme elle a du reste eu à le faire durant cette période de troubles. Les religieux aussi ont joué une partition déterminante pour tempérer les ardeurs et faire revenir le calme. Il va falloir consolider cela. Les acteurs politiques ne peuvent pas continuer à se parler par presse interposée. S’ils sont tous mus par ce Sénégal ils doivent pouvoir se regarder les yeux dans les yeux, se parler, se dire des vérités  en toute franchise et en toute sincérité pour la bonne marche de ce pays. Le réajustement reste un  impératif aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition. Nous devons aller dans le sens de bâtir des consensus forts sur notre Justice et son indépendance, sur comment stabiliser notre démocratie et renforcer les droits et libertés des citoyens, la gouvernance de nos ressources naturelles, le legs aux générations futures…

                                                      

                                                                       Souleymane Diouf

                                                                 OPINIONS CITOYENNES

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